Le monde à travers d’autres yeux
Avec Gilles, nous avons presque quotidiennement des discussions décalées, qui flirtent avec la philosophie, n’ayons pas peur de l’avouer. L’objectif est très souvent de voir jusqu’à quelle conclusion farfelue une information erronée peut nous conduire, mais pas toujours. Il arrive parfois que nous essayons de traquer une vérité jusqu’à ses derniers retranchements. Bref, je trouve dommage que ces discussions se perdent dans nos mémoires alors qu’il y a beaucoup de choses intéressantes dedans. J’ai donc décidé d’ouvrir cette page, qui sera destinée à recevoir les conclusions les plus surprenantes (troublantes aussi, il faut bien le dire) que nous obtenons.
Argent facile (3 octobre 2008)
Il parait que c’est difficile de décrocher un rendez-vous chez un ophtalmo. Genre il faut attendre six mois, voire plus encore. Alors pourquoi ne pas monter un site internet proposant d’acheter des rendez-vous ayant une échéance plus proche ? Le principe : je prends des rendez-vos bidons chez pleins d’ophtalmo, un peu tout le temps et longtemps à l’avance. Quand le jour J d’un de ces rendez-vous approche, et dans la mesure où je n’en ai pas besoin, je le cède sur Internet à quelqu’un qui en a besoin (moyennant finances donc).
Théorie de l’organisation (17 mai 2008)
Issue d’une discussion avec Élodie et Paméla, cette théorie permet enfin de donner une définition scientifique au fameux bordel organisé.
Sommes-nous d’accord pour définir le désordre par la distribution aléatoire d’objets (des feuilles, des livres, des vêtements, …) dans un espace (la table d’un bureau, une chambre, un évier, etc.) ? Alors si oui, nous sommes obligés de conclure que la probabilité pour avoir deux espaces dont le bordel est identique est nulle : deux chambres en désordre ont donc une probabilité nulle d’être « rangées » à l’identique. Peut-être qu’un chemisier ne sera pas mis en boule tout à fait de la même façon, ou alors le livre sous le lit ne sera pas ouvert à la même page, etc.
Ça c’est ce que j’appellerai la définition parallèle du désordre. Il y a aussi la définition série, qui sera forte utile aux parents pour détecter à coup sûr que la chambre de leur rejeton est en désordre. Dans la version parallèle, nous comparions deux désordres dans des espaces différents. La définition série du désordre compare un désordre avec lui-même, à deux instants différents. Il s’agit donc là de suivre l’évolution d’un désordre. Précisons : si un lieu est en désordre, alors la probabilité qu’il ait un désordre identique 2 jours après est nulle. En réalité, cette probabilité décroit (rapidement) de 1 vers 0 à mesure que l’intervalle de temps augmente de 0s à une éternité. Il s’agit de la conclusion centrale qui permet de donner une définition scientifique et rigoureuse du désordre organisé.
Ainsi donc, si une chambre en désordre se caractérise par une évolution du désordre avec le temps, une chambre en désordre organisé doit donc être une chambre dont le désordre n’évolue pas avec le temps. Oui parce que voyez-vous, si deux désordres ne peuvent pas être identiques (que ce soit des désordres parallèles ou série), alors la réciproque stipule que si deux désordres sont identiques alors c’est que ce ne sont pas des désordres. Deux chambres dont le désordre est identique sont donc en fait rangées. On en déduit immédiatement avec la définition série que si le désordre d’une chambre n’évolue pas avec le temps (on dit que le désordre est stable) alors c’est qu’elle est en fait rangée. Un bordel organisé est donc un bordel stable.
Nous voici donc avec une façon de prouver scientifiquement qu’une pièce n’est pas rangée. Il suffit de la prendre en photo à plusieurs jours d’intervalle : si le foutoir est identique c’est qu’il est stable et c’est que la pièce est rangée. Dans le cas contraire, alors c’est forcément le bordel.
Démesure (entendu plusieurs fois en 2007)
Voici un projet colossal, qui nécessiterait de distribuer les calculs sur les ordinateurs du monde entier, un peu comme le projet SETI@Home, mais avec des perspectives très différentes et néanmoins très intéressantes…
Tout d’abord, un petit rappel sur ce qu’est une image : un tableau lignes/colonnes avec pour chaque case, un certain nombre de chiffres 0 ou 1 décrivant sa couleur. La case s’appelle un pixel (pour picture element) et les 0 et 1 s’appellent des bits (pour binary unit). Bref, une photo prise par un appareil photo dernier cri de 8M pixels, c’est-à-dire 8 millions de pixels, avec classiquement 24 bits pour décrire la couleur de chaque pixel, peut prendre exactement $2^{24times8000000}$ photos différentes. C’est un nombre gigantesque, que même matlab (un logiciel de calcul scientifique) ne peut pas décrire tellement il est grand. Bien sur, parmi ces photos il y a toutes celles que vous avez déjà prises (je ne sais pas moi, vous à la plage, vous au restaurant, vous à Noël dernier, etc.) et toutes celles que vous auriez pu prendre (vous à la caisse d’un supermarché, vous en train de mettre de l’argent dans l’horodateur, etc.). Mais il y a également toutes celles auxquelles on ne pense pas : vous nu sur Mars, voire même la version féminine (ou masculine) de vous, avec trois yeux, une jambe plus petite que l’autre, en train de prendre l’apéro avec un extra-terrestre gris, près du monolithe noir de 2001. Bref tout ce qui pourrait exister de sorte que l’on puisse le prendre en photo.
Ça doit bien faire une infinité de photos possibles ça non ? Ben pas vraiment en fait, ça n’en fait que $2^{24times8,000,000}$. C’est un nombre certes très grand (plus grand que le nombre de particules de l’univers), mais pas infini. Cela veut dire que parmi l’infinité de situations possibles que l’on peut prendre en photos, beaucoup seront tellement semblables, d’un point de vue résolution de capteur et précision de couleur, qu’elles donneront la même photo.
Maintenant que se passerait-il si nous prenions le problème à l’envers et que nous calculions toutes les photos qu’il est possible de prendre avec un appareil photo donné ? Ben c’est simple, on aurait toutes les photos possibles, donc on vous aurait vous, nu sur Mars. Cela étant, calculer les $2^{24times 8,000,000}$ photos possibles d’un appareil photo moderne demande environ autant d’années et autant d’octets de mémoire pour les stocker. Il faut donc le faire avec un appareil photo bien moins prétentieux. Par exemple, calculons le nombre de pixels que peut avoir le capteur pour qu’on puisse calculer en un an toutes les photos qu’il peut prendre, avec juste un bit pour coder la couleur (donc en gros un pixel est soit noir soit blanc, mais ni rouge, ni saumon, ni gris clair, ni etc.). Si c’est n le nombre de pixels, alors le nombre de photos est $2^n$. En supposant mettre $0,1^,mathrm{ms}$ pour calculer une photo et en supposant qu’on se fiche du stockage, il faut donc $0,1times2^n,mathrm{ms}$ pour tout calculer. En un an, il y a environ $315,360,000,000,mathrm{ms}$, on trouve donc $n=lnleft(10times315,360,000,000right)/ln2approx 42$. Ça veut dire que le capteur ne doit avoir que 42 pixels noirs ou blancs pour qu’on mette une année entière à calculer toutes les photos qu’il peut prendre : par exemple 7 lignes et 6 colonnes.
Voici un exemple de photo de ce genre : on ne me reconnait pas bien, mais c’est moi aux Pays-Bas…
Discussion du 27 mars 2007
Aujourd’hui, tout part d’une vulgaire carafe d’eau alors que je demande à Gilles s’il veut que je lui serve un peu d’« H2O ». En effet, sitôt dit, mon esprit pointilleux me force à préciser « enfin, avec d’autres trucs dedans plus ou moins naturels » ; mais qu’est-ce donc qu’un truc naturel ? Bien-sûr, ouvrir un dictionnaire aurait été trop simple…
Après maints essais, exemples et contre-exemples, voici la définition sur laquelle nous sommes tombés d’accords :
Naturel, elle adj.
Dont rien n’est issu d’une modification intentionnelle.
Pour bien vous faire sentir ce qu’implique cette définition, voici quelques uns des exemples qui nous y ont conduit.
- les matières plastiques ne sont pas naturelles car leur fabrication a toujours un objectif affiché dont leur existence dépend entièrement : sans utilisation au plastique alors on n’en fabriquerait pas et on n’en trouverait pas. À noter que le caoutchouc est naturel car il est produit par certains arbres sans qu’il y ait d’intention particulière d’utilisation à la base.
- Une compote de fruits n’est en aucun cas naturelle puisqu’elle est fabriquée dans le seul but d’être mangée, contrairement aux fruits qui sont fabriqués qu’on les mange ou pas. J’attire votre attention sur le fait qu’un fruit a bien une utilité pour l’arbre, mais on ne peut pas parler d’intention en ce qui concerne sa fabrication.
- Un morceau de sucre dissout par la pluie reste naturel tandis que le même morceau de sucre mis dans un thé n’est plus naturel (et le thé avec) puisqu’il a été modifié avec l’intention de sucrer quelque chose.
Une définition naïve serait :
Naturel, elle adj.
Qui une fois lancé revient au galop.
Dans ce cas, seul le boomerang est un objet naturel au sens strict du terme. Plus largement, n’importe quel objet lancé verticalement est naturel puisqu’il revient en accélérant. Par contre, les mêmes objets lancés horizontalement ne reviennent en général pas et ne sont donc pas naturels. On voit bien que cette définition ne colle pas avec l’emploi commun de l’adjectif naturel.
Le petit Larousse de 1994 dit :
Naturel, elle adj.
1. Qui appartient à la nature, qui en est le fait, qui est propre du monde physique. 2. Qui est issu directement de la nature, du monde physique ; qui n’est pas dû au travail de l’homme.
Je n’aime pas cette définition car la dernière phrase exclu l’homme de la Nature et je n’aime pas me sentir rejeté.
Le mode macho du 24 avril 2007
C’est un fait, le climat change, se réchauffe, les calottes polaires fondent, le niveau de la mer monte, les catastrophes naturelles s’echainent… tout ça à cause de l’Homme. Attendez, de l’homme ? Sûrement pas. De la femme peut-être oui 🙂 Pensez-y, depuis qu’elle conduit, on a doublé le nombre de voitures sur la route et donc les émissions de gaz à effet de serre. On peut même lui coller les chiffres du chômage sur le dos si on veut : la femme prend la moitié des emplois alors qu’avant, elle restait à la maison.
Vous croyez franchement que tout ça a une petite chance d’être vrai ? Alors allez consulter !
Amélioration du jour (13 juin 2007)
La sur-consommation d’électricité ne serait-elle pas due aux nombreux appareils électro-ménagers vendus pour que nos femmes aient le temps de partir au travail en voiture ? Bilan énergétique et social : elles piquent des jobs alors qu’elles ne travaillaient pas avant, elles y vont en voiture alors qu’elles restaient à la maison avant, et elles consomment de l’énergie produite par des moyens polluants en ayant recours aux moyens modernes de tenue d’un ménage. Tout simplement honteux. Pourtant la génèse nous avait mis en garde : ne mange pas la pomme Eve !.
Vers une nouvelle vision de la démocratie
Tout est parti d’un constat de Gilles. La majorité à 18 ans, c’est une ineptie. D’une part c’est stupide de dire qu’à 18 ans, quelque chose de magique se passe et on devient subitement responsable de ses actes, on a le droit de conduire, de voter, etc. Pour certains c’est à 16 ans, pour d’autres bien plus tard. Et puis d’ailleurs, des fois on est responsable pour une chose mais pas pour une autre. Donc il faudrait instaurer plusieurs majorités en fait. Et même personnaliser l’âge auquel on atteint ces majorités avec les personnes concernées.
En fait, ce qu’il faudrait c’est engranger des points jusqu’à atteindre les seuils correspondant aux différentes majorités. On pourrait même étendre ce concept à beaucoup d’autres domaines… Voici une première ébauche qui va sans doute en rester là.
- En-dessous d’un seuil de points, on est en prison.
- Via plusieurs activités, ou bonne conduite, on regagne des points. Quand on dépasse le seuil, on sort de prison.
- Au-dessus de ce seuil et jusqu’au suivant, on est assisté pour tout : gestion du compte en banque, aide, appartement, vivres contre travail d’intérêt général.
- Au prochain seuil, on a accès à n’importe quel boulot, et on sort de l’assistanat dès qu’on en trouve un.
Après, tout devient plus flou et dépend des choix de chacun. Par exemple, pour faire un enfant, il faut que le couple puisse lui donner un capital de points suffisant pour vivre, c’est-à-dire au moins le seuil pour sortir de prison. Si ce n’est pas possible alors on n’a pas le droit de faire un enfant. C’est un peu extrémiste et irréalisable, mais voilà l’idée. C’est un peu inspiré de l’évolution dans les arts martiaux… de padawan à grand maître.
À améliorer pour une prochaine fois.
La tactique du moustique
Une fois n’est pas coutûme, Bruno m’inspire cette petite digression sur le moustique.
Le moustique, un insecte minuscule, qui attend patiemment que nous soyons sur le point de sombrer, bel et bien, dans un profond sommeil pour nous réveiller d’un subtil bzzz. Tant qu’il fait nuit, il est là. Dès que la lumière se fait, il a disparu. C’est parce que le moustique est malin : il se cache là où il y a de l’ombre et il est souvent très près du lit. Cherchez-le derrière la tête de lit.
Le plus frustrant avec les moustiques, c’est que plus on les tue, plus ils sont intelligents. C’est logique, on tue les plus stupides, ceux qui restent bien visibles une fois la lumière allumée et qui ne voient pas le plat de la main arriver. Plus on tue de moustiques, plus la moyenne d’intelligence des moustiques grandi. C’est presque une loi de la nature. Nous sommes arrivés au jour où les capacités de dissimulation des moustiques sont plus avancées que nos capacités à les dénicher. À l’avenir, ayez du respect pour les moustiques : s’ils vous piquent, c’est que quelque part, ils ont été plus intelligents que vous.
Idée à tenter pour lutter contre l’augmentation des taxes (idée récurrente)
Acheter un morceau de terre, quelque part. Décréter qu’il n’appartient plus à la France en en faisant notre propre pays. Pour malgré tout entretenir de bonnes relations avec nos maintenant voisins français, fermer notre espace aérien à l’aviation civile comme militaire. Ainsi nous pouvons ne plus payer d’impôts.
L’inconvénient majeure de cette idée (en supposant que ce soit possible), c’est que la France pourrait nous annexer très facilement (rien que par la force). Cela étant dit, il va bien falloir que le président français négocie l’annexation avec le président de notre petit pays. Qui c’est qui vient donc de s’inviter à l’Élysée en visite officielle ? C’est bibi. En plus les termes de l’accord peuvent inclure l’autonomie économique et donc maintenir l’exonération d’impôts…
Ce serait trop beau !