USA — jour 5
Ce matin, on a encore plus de mal à se lever. Il faut dire qu’on a veillé assez tard la veille. En plus, on a un souci de taille ce matin : les toilettes sont bouchées. Par conséquent, on est obligé de remettre à plus tard ce que tout le monde aurait envie d’aller faire après avoir mangé un petit déjeuner… Passons. On décolle avec trente minutes de retard et comme prévu, on commence par conduire dans les bouchons de L.A. jusqu’à Downtown, après quoi la route se dégage presque miraculeusement et il n’y a presque plus que nous. Quitter Los Angeles n’est pas trop difficile car le temps, qui s’était déjà pas mal dégradé la veille, est maintenant absolument abominable. Heureusement, la destination du jour est située à près de 800km de là, et la télé dit qu’il y fait très beau et très chaud.
C’est sans doute vrai parce que dès qu’on quitte Los Angeles (c’est-à-dire 1h30 après le départ), le ciel commence à se dégager tout doucement. Quelques sommets sont encore enneigés, et la route serpente (mais toujours avec de grandes lignes droites (comment font-ils ?)) dans les montagnes de San Gabriel. La végétation ne tarde pas à se faire rare : de garrigue, on n’a maintenant plus que de l’herbe jaunie sur un mélange de sable et de terre sèche. Nous sommes dans le désert de Mojave. De lignes droites en lignes droites, on passe les fameux cols à 1500m sans aucun virage en épingle, ni brusque montée. Au bout de 4 heures et un changement de conducteur, on arrive à la frontière entre la Californie et l’Arizona (the grand canyon state), dans la petite oasis de Needle, pour la pause déjeuner.
Dès la sortie de la voiture, nous sommes tous saisi par la température, un bon 35°C sec. Après une bonne salade (enfin moi j’ai pris un hamburger), on reprend la route. Le décor n’arrête pas de changer d’une vallée à l’autre. Jusqu’à Seligman, on a droit à un paysage façon Indonésie, ou encore Litchfieldien, avec de la végétation vert-jaune et des rochers arrondis gris-clair. On aurait presque dit qu’un serpent arc-en-ciel est venu couver ses œufs ici. La dernière partie du voyage nous conduit donc au parc du Grand Canyon, et la végétation devient landaise : des forêts de pin sur de la terre sableuse. Comme l’heure est un peu tardive, on décide de ne pas s’arrêter à l’hôtel et d’aller directement au village pour profiter du coucher de soleil. À ma grande surprise, le coin a énormément changé et tout est encore plus ou moins en travaux. J’ai beaucoup de mal à me repérer, mais finalement on y arrive.
Le grand canyon a ce côté magique qu’il s’impose d’un seul coup sans crier gare. Imaginez : vous êtes pénards en train de remonter un sentier entre les pins, avec une visibilité d’une trentaine de mètres, et tout d’un coup, on débouche sur un panorama à couper le souffle. Un gouffre de plus d’un kilomètre de profondeur, de trente kilomètres de largeur et plusieurs centaines en longueur. Les falaises sont découpées en plusieurs strates, descendant au fond du canyon tantôt avec une pente douce, tantôt avec un falaise abrupte. Chaque niveau a son histoire géologique et sa palette de couleurs. Le soleil couchant projette des ombres très marquées, qui donnent à la scène un relief incroyable. On ne peut que se sentir petit devant un tel panorama.
Le soleil se couche, et il est temps d’aller récupérer la chambre de l’hôtel. Sur le chemin, on repère un Steakhouse, et on est tous d’accord pour dire que ce sera là que nous mangerons ce soir. La chambre est spacieuse et revêt un aspect bien plus neuf que ce que nous avions à Los Angeles. Direction le restaurant, où nous goûterons à ce que l’Amérique sait faire de mieux : de la viande, et en grande quantité. En accompagnement, on a droit à un épis de maïs, une pomme de terre au four, des haricots, … bien plus qu’il n’en faut pour nous rassasier.